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Comme une bouteille à la mer
10 décembre 2006

Le soleil de l'âme !

Cousine Louise était Lorraine et vivait avec son mentor, ami et amant Monsieur C., dans le pays minier de la région de Metz. La maison de Monsieur C. était aussi bourgeoise que lui, et Louise l'avait égayée de ses tapisseries au caneva,  plutôt kitsch ! Ils aimaient recevoir et jouer, le vendredi soir, au rami avec les voisins. Louise, outre couturière, était bonne cuisinière. Très gourmande de frites, elle m'avait appris à les manger avec les doigts, les trempant dans de la mayonnaise. La seule façon qu'on se doit de les manger d'après elle.

C'était la marraine de ma soeur, cousine Louise. A Pâque 1970, nous lui avons rendu visite ma soeur, mes parents et moi. Nous avons vu cette petite ville M.-G. sous le gris des jours de pluie. Les feuilles des arbres présentaient des taches blanches, signe incontestable de la pollution minière. C'était mon premier contact avec un tel dégât. Et j'en étais toute remuée... La mine était omniprésente dehors et sur les murs des maisons et amplifiée sa noirceur par la pluie qui tombait.

                              

Dans ma famille lorraine, à l'époque, (une bizarrerie ancestrale !) on donnait aux femmes le prénom de Marie ou celui de Louise, ou bien une combinaison des deux Marie-Louise ou Louise-Marie. Ma grand-mère s'appelait Marie, point commun avec mon autre grand-mère, bien que celle-ci fût originaire des Deux-Sèvres. Elles m'ont d'ailleurs, toutes les deux, fait porter ce prénom en deuxième position, Béatrice et Marie, d'où mon pseudo Marygrange, grange étant une partie de mon patronyme.

Cousine Louise avait une soeur Marie qui avait une fille Marie-Louise ou Ma-Lou.

Nous sommes allés chez Ma-Lou un après-midi pluvieux.

A l'intérieur, rien ne transpirait de la tristesse des maisons identiques du quartier. L'ameublement était kitsch, certes, mais beau de lumière et de couleurs, comme les cheveux blond roux de Ma-Lou et de ses enfants et leurs sourires.

Son mari était sympathique aussi, mais un léger voile de mélancolie couvrait ses yeux, lorsqu'il nous parlait de la fermeture imminente de la mine. Le chômage s'annonçait déjà...

Nous sommes restés un long et agréable moment dans cette gaieté naturelle et nostalgique tous ensemble avec les deux soeurs lorraines, Louise et Marie.

Je comprends, aujourd'hui en me souvenant, que la noirceur, la moisissure, la laideur de la vie se repoussent par les couleurs (même kitsch), et que le sourire et les yeux brillants du mineur gomment la poussière de son visage déjà en rentrant. Ils la rejettent comme un chien l'eau de son pelage en s'ébrouant.

Et je comprends que l'amertume et la grisaille du quotidien, qui affectent tant certaines personnes, en les secouant s'écartent un peu.

Donnons-leur les couleurs de la gaieté, même s'il faut forcer un peu sur la dose !

Mettons du soleil à l'âme et à notre vie de tous les jours !

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