Les ans perdus…
Qu'ai-je fait de mes 50 ans
qui viennent de s'écouler ?
Un seul servit à quelque chose
qui me passionne vraiment,
mais pour qui, pour quoi seulement ?
Combien de temps
mes feuilles de papier voleront-elles au vent ?
J'ai laissé s'enfuir mes meilleures années,
comme le sable entre les doigts d'un nomade,
et vécu à l'ombre de l'arbre d'un autre temps.
J'ai trop à faire
pour rattraper mes ans perdus,
gaspillés, évanouis,
les replacer dans mes mots…
Le temps s'éparpille si vite !
Que de bonheurs fanés ou absents
sous un ciel couleur jean délavé
d'autres contrées…
Je remets à demain mes découvertes,
mes souvenirs, mes réjouissances,
et demain à plus tard…
et je m'écroule, un jour, ignorante,
au soir de ma vie.
Oh ! revenir en arrière,
sentir autour de soi
les atmosphères anciennes;
lever le verre de la jeunesse,
la reboire lentement jusqu'à la lie,
comme je ne l'ai jamais fait,
tel le vin rare d'une cave oubliée…
Oh ! repousser sans fin l'échéance,
ou tracer un chemin ineffable
et faire planer l'âme très haut au-dessus
pour que, se retournant vers le bas,
elle puisse contempler des enfants
le parcourir.