Il y en a marre !
J'étais tranquille sans eux, peinard pendant leurs vacances.
Je m'ennuyais un peu, certes, mais dans le silence je me retrouvais, me reposais… enfin !
Ne bouleversaient ma quiétude que les rares allées et venues des voisins dans le corridor du palier, la télé de la femme d'à côté à droite, les CD du Nippon à gauche, mais que dans la journée… et dans mon antre, le murmure du frigo et le vent dans le store baissé, quand un orage frappait la nuit.
Moi et mes 33m2, tout seul, je me la coulais douce, heureux avec mon lit vide, ma télé éteinte, leurs affaires inertes et survivantes de leurs coups de folie, ces scènes de ménage qui me font vibrer la table et les couverts quand elles surgissent en plein déjeuner et que Madame frappe du poing, et lui aussi…
Vraiment, j'en ai marre !
Mais qu'est-ce que j'ai, moi, à m'attirer des couples colériques ?
Avant eux, les mêmes ou presque, et encore plus loin dans le temps… même genre.
Ah non, franchement ! On ne devrait pas mettre des couples dans un studio trop petit pour se faire la gueule en paix. Aucun ne peut aller dormir sur le canapé pour bouder. Le canapé, c'est le lit ! Alors, au pieu, ils remettent ça…
Que puis-je y faire moi ? Rien, bien sûr, qu'espérer qu'ils déménagent et qu'un autre couple les remplace, puis prier le Bon Dieu pour qu'ils s'aiment ceux-là…
Et maintenant, à peine rentrés hier après-midi, ils ont remis ça vers onze heures du soir jusqu'à trois du mat. C'est que moi aussi, comme les voisins, j'aimerais dormir ! Pas moyen ! Pas de boules Quies non plus pour boucher les oreilles de mes murs ! La voisine, je sais qu'elle en a et elle les met, pas possible autrement. C'est qu'ils la dérangent elle aussi. Je le sais, cette nuit, je l'ai entendu crier après eux. Puis elle a dû les mettre ses bouchons. Et les deux là, ils ne l'ont même pas entendu tellement qu'ils s'en jetaient à la figure des injures… Ses boules Quies, j'aimerais bien qu'elle m'en refile. Si c'était seulement possible. Mais comment le lui demander ? Elle ne comprendrait pas mes grincements de béton…
Oui, parfaitement ! Un studio ça parle et entend par les murs, le plancher, les meubles... Croyez-moi !
Que faire contre les gêneurs, hein ? Trembler des murs jusqu'à faire tomber toutes leurs affaires à chaque fois pour les inciter à partir ou au moins à se taire ? Tiens, pourquoi pas… Je jouerais bien les fantômes, et ils auront une telle trouille qu'ils en donneraient leur préavis aux proprios. Faudra que j'étudie ça…
Mais là, vraiment…Qu'est-ce qu'ils m'énervent !