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Comme une bouteille à la mer
16 décembre 2009

"Le cri du silence" de Zoubida Touarigt (corrigé)

Je voudrais vous parler de la sortie du livre « Le cri du silence » de Zoubida Touarigt aux Éditions Baurepaire, dont j’avais lu un extrait sur Internet. On peut se le procurer sur fnac.com. Son prix : 12 euros.
Il s’agit du témoignage d'une jeune femme atteinte du "locked-in-syndrome", un état physique révélé par "Le Scaphandre et le Papillon" de Jean-Dominique Bauby qui en était frappé des suites d'un AVC (accident cardio-vasculaire). C'est un blocage complet, et sa récupération est très lente...
Zoubida Touarigt, que je connais depuis mes derniers séjours à l'Hôpital Maritime de Berck-Sur-Mer où elle est résidente depuis plusieurs années, a été frappée par un AVC en 2003. Dès lors, paralysée des quatre membres, trachéomisée mais ayant pu s'affranchir des appareils respirateurs, elle ne peut plus parler, juste un filet de voix qui coûte à entendre aux personnes non habituées aux aphasiques. Mais son visage est des plus expressifs, toujours souriante, traits détendus lui procurant l'apparence d'un âge en-dessous du réel, et ses écrits révèlent une claire intelligence. Sur Facebook, j'ai appris son métier de journaliste (comme Jean-Dominique Bauby). Pourtant qui se rend compte de ses études universitaires autour d'elle là-bas, puisqu'on ne peut l'écouter s'exprimer ?...
Etant totalement paralysée, vous vous demanderez "Mais comment l'a-t-elle écrit son livre, si elle ne peut pas utiliser ses mains ?". Eh bien la technique peut faire des miracles. Zoubida bouge parfaitement sa tête et se sert tout simplement de son menton. Je la savais bonne conductrice de son fauteuil électrique au moyen d'une boule enveloppée d'un tissu, juste placée devant sa bouche. Une très sympathique ergothérapeute, que je connais aussi et apprécie, lui a confectionné un système similaire attaché à un clavier d'ordinateur. Et c'est ainsi qu'elle a écrit "Le cri du silence". Ce qu'elle dit suffit pour se faire une idée du handicap qu'elle porte et des conditions dans lesquelles vivent, dans cet hôpital impersonnel d'une région les plus froides de France et venteuses, ces personnes qui malgré elles y ont élu domicile depuis de nombreuses années. Difficile de leur trouver un logement social ou un foyer, ou bien encore une maison de retraite...
On pourrait ajouter à ses paroles de nombreux témoignages qui vous surprendraient. Tout ce que dit Zoubida, je peux vous assurer que c'est vrai. J'ai pu le vérifier sur place de la bouche d'autres habitants des lieux. Il n'est, cependant, pas simple, pour un tel hôpital, de gérer tous ces patients avec des moyens et des effectifs réduits en adéquation aux exigences de la Sécurité Sociale.
Zoubida compare l'hôpital à une prison tout en évoquant la non culpabilité des handicapés. Ils ne purgent pas de peine, mais combien de parents, d'amis leur ont tourné le dos. Alors ils se résignent, ou dépriment… Tandis que Zoubida résiste, au point un jour de pousser le « cri de son silence » dans un livre, dont les droits d’auteur iront à l’association ALIS crée en 1997 par Jean-Dominique Bauby. Si je reprends l'image du "Scaphandre et le Papillon", je dirai que le papillon de Zoubida est sorti de sa chrysalide. Il se libère des murs rouges de l'Hôpital Maritime de Berck pour nous toucher des ailes de ses mots.

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Commentaires
M
Je l'ai perdu de vue depuis quelques temps. Elle avait un compte sur un réseau social où j'étais, mais un jour elle a préféré un autre. Cependant, vous pouvez faire des recherches sur Google avec son nom complet et vous la trouverez. Maintenant elle est journaliste en freelance et travaille chez elle à Paris. Je crois même qu'elle a un site. Elle est courageuse. Mais elle s'est un peu améliorée physiquement.<br /> <br /> Bien à vous !
M
Je suis très peiné par ce qui lui est arrivé.J'ai "connu" Zoubida dans les années 80.J'aimerai lui exprimer toute la douleur que je ressent en apprenant la mauvaise nouvelle.
M
Bonjour, <br /> <br /> Je transmettrai votre touchant message à Zoubida. <br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> Béatrice
S
Je suis l'une des voisines d'enfance de zoubida.lorsque ma grande soeur fatiha a eu connaissance de son livre elle nous tout de suite fait part à moi et ma soeur salima qui vivent au canada depuis quelques année.je peux vous assurez que cela nous a touché profondement c'était une fille trés gentille, douce et qui avait le don de semer une joie de vivre incroyable autour d'elle.<br /> c'est trés malheureux et trés terrible son accident en plus etre abondonner par sa famille je n'aurai jamais penser cela, eux qui ont été élevés par des parents faire à tout faire pour aider les autres ma famille en est une preuve vivante. un dernier mot pour zoubida:«mes six soeurs et ma mère se joignent à moi pour te dire que nous pensons trés fort à toi et que nous t'aimons beaucoup».tiens bon ne lâche pas.
M
Je lui est transmis votre message...
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