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Comme une bouteille à la mer
8 avril 2011

Dernières lectures

Ces derniers temps, j'ai lu, pêle-mêle : "La carte et le territoire" de Michel Houellebecq (Prix Goncourt 2010), "Emile Nelligan" de Paul Wyczynski (biographie du poète canadien synthétisée), "L'homme des îles" de Tomas O'Crohan, "Carrie" de Stephen King (son premier roman paru que je n'avais jamais lu, alors que je suis très cliente de l'auteur), "C'est un bon jour pour mourir" de Jim Harrison et là je suis en train de lire "Comme des ombres sur la terre" de James Welch, auteur amérindien (Pied-Noir et Gros ventre, mais on dit qu'il avait aussi des origines irlandaises des deux côtés de ses parents) du Montana. Et je prévois de lire aussi de James Welch "C'est un beau jour pour mourir" qui raconte la mort de Custer par les Indiens (intéressante version de l'histoire vue par un des leurs) et "A la grâce de Marseille" qui narre les mésaventures d'un Indien de la troupe de Buffalo Bill venue faire son spectacle à Marseille ; il y resta à son insu des suites d'un accident de la route, quand il s'évada de l'hôpital, la troupe avait quitté la ville.

Je conçois que Michel Houellebecq est un grand écrivain, mais je n'arrive pas à accrocher au roman dit français. Je préfère les belles histoires où l'auteur s'efface au profit de ses personnages et des intrigues qu'ils trament...  Les Anglo-saxons répondent à mon goût et c'est pour cela que j'aime à les lire. Néanmoins, j'ai apprécié, dans "La carte et le territoire" l'humour de Houellebecq, l'autodérision à se mettre en scène et se faire assassiner. Personne n'avait osé le faire auparavant, que je sache...

Emile Nelligan était un jeune poète canadien français du XIXème d'origine irlandaise par son père. J'ai lu sa poésie l'été dernier, et l'ai relue plusieurs fois depuis. J'ai voulu en savoir plus en découvrant qu'à l'âge de vingt ans il fut enfermé dans un asile d'aliénés jusqu'à sa mort près de quarante ans plus tard. Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'a fâchée et émue de l'apprendre. Enfermer un artiste et un poète, le séparer de son talent à vie, c'est tout à fait ignoble ! J'ai eu des doutes sur sa famille, et j'ai découvert qu'ils étaient fondés en lisant cette biographie, bien que j'eûs voulu plus de détails concernant ce père, sans doute alcoolique puisque mort d'une cirrhose, violent avec son fils allant jusqu'à l'empêcher de lire et d'écrire le soir dans sa chambre... Son ami Louis Dantin a rassemblé son oeuvre et débuté un recueil. Puis il partit aux Etats-Unis et c'est la mère du jeune poète qui l'acheva et la fit publier pour la première fois. Néanmoins, Emile Nelligan n'eut jamais l'usufruit de ce livre puisqu'il quitta, au bout de vingt ans, l'asile où il était enfermé pour un autre à la charge de l'Etat. il devint pupille de la Nation, un indigent... Je suis toujours fâchée et triste devant son sort.

"L'homme des îles" de l'écrivain irlandais et pêcheur Tomas O'Crohan est un petit bijou. Il raconte sa vie dans les Îles Blasket au sud-ouest de la "Grande île", comme il appelle l'Irlande, à la fin du XIXème siècle et début du vingtième. C'est dit avec tendresse et humour, malgré les épreuves de la vie par lesquelles passent toutes les familles, plus éprouvantes encore chez les "gens simples et pauvres". Ces îles ont été désertées dans les années 1950, ce que l'auteur ignora car décédé bien avant. Un livre a emmener avec soi, si on a le bonheur un jour d'aller au sud-ouest de l'Irlande ! Je retiens de lui ce que l'auteur dit vers la fin, que pêcheur est "le pire des métiers". Je pense que c'est vrai. Mais d'autres sont tout autant éprouvants, comme travailler dans les mines etc.

J'ai lu presque d'une seule traite "Carrie" de Stephen King. Je pense que son écriture s'est améliorée au fil du temps, mais c'est quand même un chef-d'oeuvre, l'un de ses plus remarquables romans. J'aime beaucoup ce mélange de récit et d'articles de journaux. On parle beaucoup, ces temps derniers, de laïcité, il est un fait que la religion en excès peut rendre fou. Carrie n'eut d'autre remède que la télékinésie pour lutter contre la démence de sa mère, mais en devenant folle elle-même... J'aimerais bien maintenant voir le film, peut-être en DVD.

"C'est un bon jour pour mourir " est à mon avis l'un des meilleurs livres de Jim Harrison. Trois jeunes ont l'idée folle de faire sauter un barrage près du Grand Canyon, deux hommes dont le narrateur et la fiancée de l'autre. Evidemment, connaissant bien Jim Harrison pour l'avoir maintes fois lu, les excès ne manquent pas, drogue, alcool, sexe... Mais c'est sans trop d'étalage et bien propre à ce temps-là, les années 70. Vers la fin du livre, l'auteur explique le titre. Ce serait, d'après lui, un Indien Nez-Percé qui aurait dit, s'apprêtant à faire la guerre aux Blancs, "Courage, c'est un bon jour pour mourir !". Je terminais ce livre, quand je commandai ceux de James Welch et m'interrogeai sur la relation entre lui et celui de l'Indien du Montana "C'est un beau jour pour mourir". A sa réception, j'ai vu que le titre anglais était tout autre "Killing Custer". En effet, c'est un essai sur la guerre des Indiens contre Custer... Mais pourquoi cette traduction de l'éditeur français ? Il y a peu, j'ai appris que Crazy Horse avait dit cette phrase aussi avec la nuance de l'adjectif "C'est un beau jour pour mourir". Reprenant l'expression du Nez-Percé ? Peut-être... J'attends de lire le livre pour le savoir.

Je lis de James Welch un très beau roman historique sur les Indiens Blackfeets ou Pieds-Noirs. Le titre anglais est "Fools Crow" se référant à la tribu des Crow ou Corbeau. Il paraît que le mot "fool" veut dire "imbécile" ou "stupide". Le titre français est plus poétique en référence aux "ombres" que deviennent ces Indiens quand ils meurent... Je ne l'ai pas terminé, j'en suis aux trois quarts. J'en reparlerai donc prochainement  peut-être avec les deux autres. Beaucoup de voyages en perspective sans sortir de mes quatre murs. Et comme ça fait du bien, même si je rêverai toujours d'en faire de vrais !

La lecture est, bien sûr, primordiale aux personnes qui se consacrent à l'écriture. Je n'arrive pas toujours à lire lorsque j'écris, et l'inverse se produit également. J'ai mes périodes de lecture et d'écriture. Il faut pouvoir concilier les deux, certes, mais écrire demande avoir un sujet en tête comme une obsession que taisent les livres qu'on lit. La lecture me fait voir combien la culture et le vécu importent, et combien ils me manquent pour meubler mes propres récits. Mon vide culturel et d'expérience de la vie ne peut être comblé par ma seule imagination. Mais peut-être qu'à force de me mettre en contact avec les beaux talents littéraires, arriverai-je à tirer de la matière pour mes écrits même s'ils n'égaleront jamais ceux des maîtres. En tout cas, le roman m'intéresse car créer des personnages et des actions imaginaires ne peut que me faire oublier la routine de mon être. Et c'est bien ! La poésie, comme disait Jim Harrison, ne ment pas et elle est intrinsèque à l'âme. Cependant, le Moi commence à m'ennuyer prodigieusement, j'en ai fait maintes fois le tour, alors je me tourne vers la fiction, mais qu'elle est dure à me parvenir ! J'ai commencé un roman policier d'après une de mes nouvelles. J'espère le reprendre et le mener à bien, si seulement je savais voir pleinement les situations et les vies de mes personnages ! C'est le plus grand espoir que je me forge aujourd'hui.

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