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Comme une bouteille à la mer
7 décembre 2006

Le relais

Le soleil d’océan arrive au point qui meurt,

Et la houle enflammée grésille de rumeurs…

A l’exposition du céleste naufrage,

Un homme va et vient à l’orée du rivage.

Il pense à tous ces gens qu’il connut et aima,

Aux bonheurs bien venus que la vie lui sema,

A son pays marin, au halo de poussières

Que font les souvenirs happés par la lumière.

« Je ne pourrai plus voir ma Rose refleurir,

Son corps contre le mien, ses lèvres à s’offrir.

Déjà pour rien mon cœur bat, frémit, rien n’étonne

Mon esprit créateur, puisqu’elle m’abandonne… »

Dans un lit d’hôpital, agonise une femme.

Inévitablement, le rêve la réclame.

Il la conduit en mer où plonge le soleil,

Puis l’en sort dans un geste irréel sans pareil.

Le promeneur surpris reconnaît la spectrale

Apparition nue à la figure pâle.

Il dit : « Tu es venue. On va recommencer.

Refaisons, tous les deux, notre chemin tracé ! »

Mais, quand il prend la main qu’elle tend dans le vide,

Soudain elle s’efface, et la mer se débride,

Se rue de mille cris sur l’homme en jets violents.

De l’union des mains, s’élèvent des points blancs.

A des lieues de là, deux jeunes vont ensemble

A une ville au sud, la plus belle, il leur semble.

Car sa vieille âme saute aux yeux, ce jour d’été,

Des immeubles étroits, rayés, volets bleutés,

Du fleuve sinueux au nom comme l’amour,

Des saules le pleurant le long de son parcours…

Les amis se sourient, côte à côte, et se frôlent

Rapprochant par moments leurs sensibles épaules.

Un nuage importun, au-dessus d’eux se place.

Un léger tremblement les parcourt et les glace.

Puis le ciel s’éclaircit sous forme d’un flambeau,

Lueur blanche impromptue… « Tu as vu ? Que c’est beau ! »

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Comme une bouteille à la mer
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