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Comme une bouteille à la mer
13 avril 2007

06/03/07. Antoine

Décidément j’aime bien les Antoine. Antoine de Saint-Exupéry, Antonio Machado et aussi le chanteur, aujourd’hui marin explorateur, Antoine.

Hier, je l’ai vu dans l’émission de Laurent Ruquier « On a tout essayé ». Il parlait de son dernier livre sur l’histoire de sa vie, de sa naissance jusqu’au moment où il a décidé de changer radicalement d’existence en fuyant le Showbiz…

J’aime bien ses documentaires sur les îles que je regarde sur des chaînes câblées à la télévision. J’entrevois la meilleure image de lui peut-être. Je crois qu’il a trouvé sa voie, sa place ou son « rôle » comme le disait Saint-Exupéry. Quand je le vois dans les images de ses films, même si c’est peut-être un peu voulu pour la caméra, il se montre tel qu’un homme heureux. Il est sans doute profondément un amoureux de la vie et des belles choses que la terre nous offre. Et il nous les fait apprécier mieux, je trouve, que les écologistes par leurs raisonnements politiques. L’amour peut engendrer bien de grandes choses, tu sais…

Il est évident que la nature a également ses revers. Même pour Antoine. Il s’est cassé une jambe, un jour, au Vietnam. Mais il a continué son reportage avec un plâtre, se faisant tirer par un pousse-pousse, arborant son ineffaçable sourire immaculé dans sa barbe noire. Comme s’il ne souffrait pas… Pourtant je peux te dire, au vu de ce qui m’est arrivé il y a quatre ans avec ma double fracture à la jambe droite, que c’est douloureux à en pleurer durant pas mal de temps. Mais c’est vrai, moi aussi je souriais lorsque la douleur se calmait.

Ce que j’aime aussi chez Antoine, dans ses commentaires, c’est la jeunesse de sa voix même si ses vingt ans se sont envolés depuis longtemps. Elle évoque l’émerveillement quand il dépeint les paysages, et narre les coutumes et les rencontres avec des gens hors du commun que l’on peut faire dans ces contrées lointaines. Elle est si communicative qu’on partage ses sentiments, bien qu’on n’ait jamais mis les pieds à l’endroit décrit. Pareil quand il parle de la cuisine locale et de cet alcool à consommer « avec modération », ce sont ses mots récurrents. Il semble bien épicurien, Antoine, toujours avec son blanc sourire présentant de délicieux plats dans un splendide hôtel au bord d’une plage idyllique. J’en profiterais aussi à sa place, mais je ne sais pas nager comme il le fait dans l’océan pour brûler ses calories…

Ici-bas, mon ami, tout peut être plaisir et bonheur. Il suffit de vouloir le voir ainsi, le rechercher, même à l’échelle de ses petits moyens, et surtout savoir aimer. Quand on aime tout s’illumine, tu sais, tout vit. Et je crois qu’Antoine, le hippie à chemises à fleurs qu’il est resté, sait cela très bien même seul à la barre de son bateau, les yeux captés par l’horizon. Oui, j’imagine qu’il sait qu’aimer c’est exprimer la vie de toutes choses comme des êtres humains.

Je trouve que les hippies, hormis leurs excès divers (mais pas Antoine, il me semble savoir…), n’avaient pas tort à désirer un monde d’amour et de paix. Ils avaient une belle philosophie de la vie. Dommage de l’avoir politisée ou d’en avoir fait une idéologie, car cela provoque bien des débordements et finit par se perdre. Cela devrait être le propre, le naturel de chaque individu, savoir aimer et ainsi cimenter la paix entre les hommes à base de beaucoup de respect pour progresser ensemble, et sans normes ni théories. C’est ce qui manque dans nos sociétés, considérer les êtres d’un même véritable amour bâtisseur et soutien de la vie.

L’acte d’aimer pour un certain Erich Fromm, dont je parle pas mal dans mon roman, c’est donner et non recevoir. Et quand on reçoit cet acte de quelqu’un, on retourne le geste vers lui par un semblable simultanément, ne serait-ce que par un regard approbateur. C’est donner à son tour, comme c’est venu, de ses émotions, de ses connaissances etc. Aimer c’est donnant-donnant, et non un acte possessif. Erich Fromm dit que l’amour est un art à apprendre et à développer, car c’est une faculté. C’est donner vie à quelque chose en quelqu’un, comme le font les artistes quand ils créent. Et je le crois ! Mais tous les gens ne sont pas des artistes dans leur âme. Il y a des autoritaires, des agressifs, des dominants et répressifs, et dominés aussi, et des jaloux, des possessifs, des égoïstes… qui ont une autre conception de l’amour et font tant parler d’eux dans les médias plus que les belles images d’Antoine. Oui, peu sont ceux qui apprennent vraiment à aimer, car on ne le leur enseigne pas comme n’importe quel autre art.

Antoine, quand il nous montre les îles qu’il chérit, commet à sa façon un acte d’aimer sur nous tous qui le regardons. Il éveille notre goût pour les douceurs de la nature. Et cela fait tellement de bien. Surtout aux âmes isolées comme la mienne qui en voient si peu. Et je l’en remercie !

Pour autant Antoine ne me connaît pas, ni moi lui, je veux dire l’homme. De ce dernier je sais peu de choses en fait. Je devrais peut-être lire son livre… Et moi, je le lui rends cet acte par le plaisir que j’ai de voir sa façon de nous montrer la terre, de la dire belle et les gens bien, de faire naître mon désir de voyager un jour, d’écrire sur lui aujourd’hui. C’est suffisant ! Et tu vois, je ne suis pas fan de lui pourtant, ni amoureuse.

Quand on aime quelqu’un ce n’est pas toujours, et heureusement, avec le sentiment courant que l’on sait de l’amour, le désir des rapports fusionnels, l’union complète. C’est cela que je tiens à te dire ou te rappeler. Je t’ai aimé, enfin j’ai apprécié bien des choses en toi, des valeurs humaines et artistiques, mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait me croire amoureuse de toi. Je ne voulais t’aimer qu’à la manière d’une vraie amie, qui est heureuse quand tu vas bien et s’inquiète lorsque tu n’as pas le moral et que tu souffres, et qui dans ce cas cherche à t’aider et à te soutenir. Hélas, cela ne s’est pas compris ainsi, je me suis mal exprimée, et j’en ai trop fait. Combien je le regrette et que se soit coupé notre lien tout simplement ! Et toi, m’aimais-tu pareillement ? Je me poserai toujours la question…

Si tu en as l’occasion un jour, lis « l’Art d’aimer » d’Erich Fromm. C’était un psychanalyste certes, mais je crois sa pensée différente des autres. Il n’était pas comme tous ceux qu’on connaît, ni comme Freud dont il était disciple. Sa pensée du reste est proche de celle des hippies. C’est aimer et travailler librement et spontanément avec authenticité, c’est-à-dire au moyen de ses propres réflexions et connaissances et non en s’appuyant sur un ordre établi avec lequel on juge les gens et les choses sans toujours les connaître sciemment. C’est se relier à la nature différemment qu’au temps du Paradis Terrestre, avec conscience.

J’espère aussi arriver à définir mes sentiments avec toute ma pensée. Si je parle de l’amour, autant le dire clairement et non avec les clichés usuels. Mais je suis timide, et ma peur des gens me fait souvent me fourvoyer dans mon expression. Et c’est bien aussi ce qui m’a fait te perdre…

En tous cas, si on avait le privilège de vivre comme Antoine aujourd’hui, comme elle serait magnifique la vie à bord d’un voilier en solitaire ! De cette façon, j’aurais moins besoin de m’attacher à quelqu’un pour aimer.

Sincèrement,

Béa

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