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Comme une bouteille à la mer
28 septembre 2009

Samantha Geimer et l'affaire Polanski

Roman Polanski vient d'être arrêté en Suisse pour une histoire d'abus sexuels vieille de plus de trente ans aux Etats-Unis, un pays qui ne connaît pas la prescription sur des crimes impunis vieux de plusieurs décennies. Il ne m'appartient pas ici d'apporter un jugement quelconque sur la culpabilité du cinéaste ni sur les raisons qui ont poussé les Suisses à agir de cette manière avec lui. Mais je pense à Samantha Gailey, devenue Geimer en se mariant.
Elle a une vie tout à elle à ses quarante-cinq ans. Elle s'est remise des faits puisqu'elle a dit qu'elle les pardonne. Pourquoi la justice américaine devrait-elle rouvrir les plaies du passé de cette femme sans faire cas de son désir de tourner la page ? Moi je sais que je n'aimerais pas refaire un travail de mémoire pénible et douloureux à sa place. Au procès, s'il avait lieu, je ferais en sorte que les juges m'écoutent. Car il devrait être pour moi et non pour satisfaire un obscur sentiment de vengeance d'un juge, lié à la fuite de l'accusé en 1978, et de l'opinion publique. Un artiste, pour calmer je ne sais quels démons intérieurs ou pour activer son imaginaire afin de créer, souvent s'adonne à l'alcool, au sexe et aux drogues. Il tombe dans des crises de désespoir, des dépressions, mais un jour il refait surface et se repent. Cela ne pourrait-il pas être le cas pour Roman Polanski ? Je crois que Samantha Geimer l'a compris en lui pardonnant. Sans doute a-t-elle une sensibilité qu'un homme de loi ne possède pas ni l'opinion publique. Sans doute a-t-elle fini un jour par penser à Sharon Tate enceinte assassinée par les démoniaques de Charles Manson et à ce que cela a produit sur l'esprit de son époux Roman Polanski, au point de le pousser au pire un jour sur elle.
Ce matin, j'écoutais l'émission "Si bémol et fadaises" de Pierre Bouteiller sur TSF Jazz. J'aime beaucoup ce journaliste qui en début d'antenne fait cas de l'actualité en donnant son opinion toute personnelle avec son brin d'humour qui le caractérise. Alors, évidemment, aujourd'hui il a parlé de l'arrestation de Roman Polanski en Suisse, et il a eu cette petite phrase "Il vaut mieux s'appeler Jackson que Polanski". Michael Jackson, on ne pourra plus s'attaquer à lui pour ses prétendus actes de pédophilie. Il est mort ! 
Je ne comprends pas l'acharnement de cette justice d'un pays pas si exemplaire que ça puisqu'il perdure la peine de mort. Pourtant je l'admire notamment pour ses écrivains contemporains. Je rêve de connaître les Etats-Unis un jour.
Mais je condamne, n'ayez crainte, tout acte de violence et de pédophilie, tous les crimes. Cependant je fais cas de l'opinion d'une femme qui aujourd'hui veut oublier d'avoir été un jour une victime et pardonne à son agresseur. Elle est en droit de le faire et on se doit de l'écouter. C'est pour elle que je parle plus que pour défendre Roman Polanski.

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Commentaires
M
Je voudrais temporiser mes propos car je crois que l'on vient les lire en ce moment plus que mes autres écrits. C'est un sentiment que j'ai sincèrement eu en apprenant que cette femme ne voulait pas de suites à cette affaire. Mais peut-être est-ce faux, que les journalistes ont extrapolé les choses, qu'elle a toujours voulu que la faute soit payée, ce qui n'a pas été le cas suite à la fuite de son auteur. Alors, dans ce cas, la donne change et peut-être faut-il quand même un procès. <br /> En ce temps-là, on ne traitait pas ce genre de relations de la même manière qu'aujourd'hui. Disons que c'était moins sanctionné surtout s'il y avait consentement. Et avant encore, c'était presque légitime. Combien d'hommes ont épousé de très jeunes filles durant les siècles passés ? Rappelez-vous Paul Gauguin et ses très jeunes femmes tahitiennes et marquisiennes. Rappelez-vous Pierre Loti et ses jeunes amours de voyage romanesques. Doit-on juger le passé avec les yeux du présent ? C'est un sacré dilemne. <br /> La prescription, je n'arrive pas à la juger. Mais les temps changent. Les victimes, si elles ont survécu aux délits, ont peut-être tout fait pour oublier. Si le délit est léger, car s'il y a mort d'individu c'est bien différent. Les crimes contre l'humanité n'ont pas de prescription. Ils se punissent quand on met la main sur les criminels. Doit-on considérer Roman Polanski de la même manière ? Je ne saurai le dire. Il s'est peut-être racheté pas ses actions depuis. Je n'en sais rien. C'est vraiment à cette femme que je pense et qu'on doit respecter ses pensées et paroles. Elle accuse, on punit. Elle pardonne, on la suit.
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