Samantha Geimer et l'affaire Polanski
Roman Polanski vient d'être arrêté en Suisse pour une histoire d'abus sexuels vieille de plus de trente ans aux Etats-Unis, un pays qui ne connaît pas la prescription sur des crimes impunis vieux de plusieurs décennies. Il ne m'appartient pas ici d'apporter un jugement quelconque sur la culpabilité du cinéaste ni sur les raisons qui ont poussé les Suisses à agir de cette manière avec lui. Mais je pense à Samantha Gailey, devenue Geimer en se mariant.
Elle a une vie tout à elle à ses quarante-cinq ans. Elle s'est remise des faits puisqu'elle a dit qu'elle les pardonne. Pourquoi la justice américaine devrait-elle rouvrir les plaies du passé de cette femme sans faire cas de son désir de tourner la page ? Moi je sais que je n'aimerais pas refaire un travail de mémoire pénible et douloureux à sa place. Au procès, s'il avait lieu, je ferais en sorte que les juges m'écoutent. Car il devrait être pour moi et non pour satisfaire un obscur sentiment de vengeance d'un juge, lié à la fuite de l'accusé en 1978, et de l'opinion publique. Un artiste, pour calmer je ne sais quels démons intérieurs ou pour activer son imaginaire afin de créer, souvent s'adonne à l'alcool, au sexe et aux drogues. Il tombe dans des crises de désespoir, des dépressions, mais un jour il refait surface et se repent. Cela ne pourrait-il pas être le cas pour Roman Polanski ? Je crois que Samantha Geimer l'a compris en lui pardonnant. Sans doute a-t-elle une sensibilité qu'un homme de loi ne possède pas ni l'opinion publique. Sans doute a-t-elle fini un jour par penser à Sharon Tate enceinte assassinée par les démoniaques de Charles Manson et à ce que cela a produit sur l'esprit de son époux Roman Polanski, au point de le pousser au pire un jour sur elle.
Ce matin, j'écoutais l'émission "Si bémol et fadaises" de Pierre Bouteiller sur TSF Jazz. J'aime beaucoup ce journaliste qui en début d'antenne fait cas de l'actualité en donnant son opinion toute personnelle avec son brin d'humour qui le caractérise. Alors, évidemment, aujourd'hui il a parlé de l'arrestation de Roman Polanski en Suisse, et il a eu cette petite phrase "Il vaut mieux s'appeler Jackson que Polanski". Michael Jackson, on ne pourra plus s'attaquer à lui pour ses prétendus actes de pédophilie. Il est mort !
Je ne comprends pas l'acharnement de cette justice d'un pays pas si exemplaire que ça puisqu'il perdure la peine de mort. Pourtant je l'admire notamment pour ses écrivains contemporains. Je rêve de connaître les Etats-Unis un jour.
Mais je condamne, n'ayez crainte, tout acte de violence et de pédophilie, tous les crimes. Cependant je fais cas de l'opinion d'une femme qui aujourd'hui veut oublier d'avoir été un jour une victime et pardonne à son agresseur. Elle est en droit de le faire et on se doit de l'écouter. C'est pour elle que je parle plus que pour défendre Roman Polanski.