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Comme une bouteille à la mer
25 octobre 2009

Le fleuve rougit (première partie - chap. 1) Corrigé

Solange vivait à Gretz, petit village de cinq cents habitants de Seine-et-Marne à une dizaine de kilomètres de Neuville où son père la conduisait, les jours de classe, au collège, puis regagnait Paris. Quatre-vingts dix kilomètres aller-retour, son trajet quotidien. Pas drôle quand il y avait grève des transports, ou quand le brouillard s’abattait sur une chaussée glissante de verglas en hiver. Pauvre papa ! Mais il allait à son travail sans se plaindre. Il fallait bien gagner de l’argent. « Cela ne fait pas vivre, l’art ! », lui disait son père quand il envisageait de devenir musicien. Pour avoir la paix, il fit des études de management bancaire et peu à peu gravit les échelons qui le menèrent au poste actuel de secrétaire général d’un groupe financier international. Cela lui permit de faire construire une grande villa en banlieue avec un parc. Un jour arriva un piano pour Solange qui montrait à huit ans les mêmes velléités pour la musique. Elle s’installa tout de suite sur le tabouret, mit les mains sur le clavier et enfonça au hasard les deux index sur les touches.
─Tu sais en jouer, Papa ?
─ Et comment ! Ses doigts étaient rouillés. Il réussit, cependant, à exécuter Rêveries de Robert Schumann. Plus tard sa fille jouerait ce morceau au cours d’un examen en candidat libre.    
  En septembre Solange irait au lycée, à condition d’obtenir le brevet en juin. Mais il n’y avait pas lieu d’en douter, c’était une bonne élève. Elle arrêterait ses cours particuliers de musique pour entrer au conservatoire de Neuville. Son père l’encourageait avec enthousiasme. Si elle voulait devenir musicienne, elle le serait. Surtout qu’elle ne soit pas malheureuse comme il le fut à son âge. Il avait conservé le douloureux sentiment d’avoir raté sa véritable vocation. Il fallait que Solange persiste dans ce qu’elle aimait. Sa mère, plus terre à terre, se retenait de dire son désappointement. Elle voulait sa fille indépendante, non comme elle aux crochets d’un époux, même si son mariage était heureux. Qu’elle ait au moins une chance de trouver un métier sûr, si son talent ne suivait pas ses aspirations.
   Pendant que sa mère s’inquiétait sur son avenir, Solange se demandait si Simon, qui vivait deux rues plus loin, irait au même lycée qu’elle.

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